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CHAUVET Georges

Georges Eugène* CHAUVET , manoeuvre, né à St-Victor-l'Abbaye (Seine-Inf) le 26 juin 1881.

 

Fils de Marcel Arsène (°1849), garde particulier, et de Céleste Maria TORCHY (°1852), journalière. Mariés à Bracquetuit (Seine-Inf.) le 20 janvier 1877.

 

Incorporé à compter du 15 novembre 1902 au 24è R.I.

Envoyé en congé le 30 septembre 1905

 

Marié à Monville le 4 juin 1911 avec Pascaline Alice DEFRANCE

 

Mobilisé le 12 août 1914

Rejoint le 39è R.I. à Rouen

"Tué à l'ennemi" le 23 juin 1916 devant Verdun (Meuse), à l'âge de 35 ans 

 

MORT POUR LA FRANCE

 

Acte de décès transcrit à Monville le 5 décembre 1916

* "Emile" sur le monument aux morts

Dsc 0117 1 orig

Le 23 juin, les Allemands lancent plusieurs milliers d'obus sur le village, dont certains au gaz, bombardement suivi par une offensive des meilleures troupes impériales, la Garde bavaroise et l'Alpenkorps. Les Français tentent de contenir l'attaque en engageant leur aviation qui procède à des mitraillages au sol. La 260e brigade a pris la relève et d'âpres combats se déroulent pendant plusieurs jours sur quelques hectares seulement. Le village est pris le 23 par les Allemands, repris le lendemain par les Français et de nouveau le surlendemain par les Allemands.

 

 

 Le Commandant Bretteville, du 106e bataillon de chasseurs, relate les violents combats du 23 juin 1916 qui décidèrent du sort de la bataille de Verdun. Plus de 70.000 combattants allemands ont pris part à cette lutte ...

L'attaque allemande du 23 juin 1916 a été la plus violente, la plus massive et la plus meurtrière de toutes celles que les Allemands ont exécutées à Verdun. Ils l'avaient préparée avec minutie, employant des moyens jugés irrésistibles. Guillaume II vint en personne présider aux opérations. Il fit venir de l'arrière les drapeaux des régiments engagés, afin qu'ils puissent défiler en tête de ses troupes lors de son entrée triomphale à Verdun.

Préparation d'artillerie

Jamais préparation d'artillerie ne fut plus gigantesque. Elle sera suivie par l'attaque allemande, confiée aux meilleures troupes : corps alpins, régiments bavarois, unités fraîches arrivées de Serbie. De notre côté, sous les masques, les colonnes de relève et de ravitaillement se déplacent péniblement. Dans la nuit, les hommes vont lentement, cherchant le sol à chaque pas. Tous les 100 mètres, les chefs de section arrêtent leurs fractions pour éviter l'essoufflement. La montée vers Fleury est un calvaire. Les hommes s'affaissent sous l'effort, échappant à l'action des chefs qui subissent les mêmes atteintes d'asphyxie et s'échelonnent de trous en trous. La traversée des bois de Fleury est infernale. Notre artillerie riposte de son mieux aux pièces d'en face en fureur, c'est un tonnerre assourdissant. Les unités sont disloquées, les petites colonnes rompues à chaque instant par un obus qui soulève tout, terre et hommes, sont arrêtées dans leur progression. Aucun ravitaillement ne peut parvenir aux éléments en ligne, les hommes de corvée ne peuvent regagner leurs unités. C'est malheureusement dans la nuit du 22 au 23 que doit se faire, dans le secteur de Fleury, la relève du 1er Bataillon du 39e R.I. par le 2e Bataillon du même régiment. Ce mouvement est désastreux. Les gaz interdisent pratiquement les liaisons par coureurs. Les pertes eu tués, blessés et prisonniers sont particulièrement sévères : 48 officiers et 1.633 hommes. Saisi en pleine relève, le 39e K.T. s'est trouvé ramassé au moment de l'attaque entre la Redoute 320 et Fleury.

Le vacarme commence

L'aube du 23 juin se lèvera sur un des jours les plus critiques de notre Histoire. Ce jour-là se décidera le sort de la France à travers celui de Verdun. Après un arrosage impressionnant de gaz, puis un déluge de feu sur les lignes françaises qui défendent Verdun, de nombreux bataillons d'assaut allemands vont se lancer sur le terrain d'attaque et ses arrières. C'est ce 23 juin que le Général Pétain, ayant vu toute l'étendue du danger, lance son fameux ordre du jour, un des plus émouvants de la grande guerre : « L'heure est décisive. Se sentant traqués de toutes parts, les Allemands lancent sur notre front des attaques furieuses et désespérées, dans l'espoir d'arriver à Verdun avant d'être attaqués eux-mêmes par les forces réunies des armées alliées. Vous ne les laisserez pas passer, mes Camarades ! « Le pays vous demande encore des efforts suprêmes ; l'Armée de Verdun ne se laissera pas intimider par les obus et par l'infanterie allemande, dont elle brise les efforts depuis quatre mois. Elle saura conserver sa gloire intacte ».

L'Attaque

A 7 heures, le Général commandant la 129e D.I. prend le commandement de son secteur. A 7 h. 20, il est communiqué au Chef de Bataillon Burtschell : « D'après renseignement d'un prisonnier, une attaque doit être déclenchée aujourd'hui, au point du jour, sur le front de la Division, probablement sur l'axe Thiaumont Côte 321. Les lignes téléphoniques sont coupées, la dernière communication est du Colonel Mellier (359e)». A 7 h. 35, le bombardement diminue d'intensité, l'attaque allemande est déclenchée en direction de l'ouvrage de Thiaumont. En ligne depuis plusieurs jours, les hommes, harassés par la fatigue, la faim, la soif, l'inquiétude, tombent de sommeil. Et il n'y a aucun renfort. Pour se faire une idée de la violence de cette offensive et de la volonté bien arrêtée de l'ennemi d'en finir, précisons que l'attaque principale, excessivement puissante, va s'étendre de la région du fort de Vaux à la lisière Est du Bois Nawé et comprendra les unités de la 103e D.I. (3 régiments), le Corps Alpin (4 régiments), une Division combinée (5 régiments), 2 régiments du IIIe Corps Bavarois, 3 du Ier Corps Bavarois. L'une des Brigades du Corps Alpin do la 103e D.I. et deux régiments du 3e C.A. sont des troupes fraîches arrivées de Serbie la veille de l'attaque. Tous les régiments participant à celle-ci ont deux bataillons accolés de front et un bataillon en soutien. Ceux-ci ne sont éloignés que de 500 à 1.000 mètres des premiers bataillons. Cinq régiments sont en réserve dans le ravin de la Couleuvre, aux environs du Fort de Douaumont, et dans le ravin de la Fausse-Côte. Ils se trouvent donc à une distance de 1.000 à 1.500 mètres de la première ligne. Au début de l'attaque, une partie de l'aile gauche est arrêtée par le feu des nôtres. Par contre, l'attaque centrale progresse, dépassant la première ligne entièrement nivelée par le bombardement. Sur le front de l'ouvrage de Thiaumont, elle s'arrête, désorganisée par notre résistance. Ses pertes sont importantes. Le groupement de gauche ne dépassera pas la bande Sud du bois de Vaux. Seul, dans le groupement du centre, un bataillon allemand poussera jusque dans Fleury, et même au-delà, quelques éléments décimés par une contre-attaque ; il s'accrochera au village. Renforcé par la suite, il s'y maintiendra.

Le glorieux 121e B.C.P.

Le 121e B.C.P. se trouvant à cheval sur la crête près de Thiaumont, est assailli de face et surtout de flanc par l'ennemi qui monte de Fleury. Les Allemands avancent en colonne par un, à 30 pas d'intervalle comme à la manoeuvre, précédés de leur tir d'artillerie. Le 121e est entièrement englouti dans la tourmente, jouant ainsi un rôle obscur mais non inutile. Le chiffre de ses pertes est significatif : 636 tués, 112 disparus ou présumés morts, 450 blessés, 400 prisonniers. On ne compte que 60 rescapés. Un camarade du 121e, Maurice Biget, caporal fourrier à la G.M., a écrit : « Dans la nuit du 22 au 23, mon Capitaine, prévoyant l'attaque imminente, m'a dicté trois ordres successifs pour inciter les chefs de section à beaucoup de surveillance. Aucun des agents de liaison envoyés n'a pu nous rejoindre. « Au matin, ma grande surprise fut de nous voir encerclés. L'encerclement venait du côté de Fleury, où le 39e R.I. qui s'y trouvait a subi des pertes énormes. « Avec quelques chasseurs, il nous fut impossible de résister, suffoquant sous l'action des gaz et ayant à supporter des attaques allemandes à la grenade ». Les soldats installés à la redoute de Froideterre, débordés, lâchent les pigeons, seul cl dernier moyen de liaison possible pour lancer l'ultime cri de détresse. L'avance allemande, de ce côté, est si rapide que l'artillerie tire sur sa propre infanterie. Un officier bavarois est, vu accompagné d'un soldat portant un petit clairon dans le dos et muni d'un lance-fusées. Trépignant de rage, il lui fait tirer fusée sur fusée pour demander l'allongement du tir. Verdun va-t-il tomber ? De son côté, l'artillerie française continue à exécuter des tirs de barrage. Bien qu'un certain nombre d'Allemands se dirigent sur Froideterre l'avance allemande est venue se briser au lieudit « Les Quatre Cheminées », où se trouvent deux E.-M. de Brigade français et un poste de secours.

Le Miracle

Sans y croire, on constate parfois des circonstances heureuses qui permettent de rétablir des situations considérées comme perdues. Tel a été le cas en cette journée du 23 juin. Vers 10 heures, la situation devient inquiétante. Nous sommes écrasés de fatigue et, cependant, notre résistance s'affermit. Les artilleurs qui, eux aussi, ont fait merveille, crachent le feu sans interruption. Les réserves ennemies ont du mal à déboucher de leurs bases pour appuyer leurs troupes d'attaque. Le Colonel commandant la 257e Brigade a reconstitué ces minutes critiques dans le journal de marche de sa formation : « A 10 h. 5, la Division apprend par le Commandant Dessoffy, du 114e B.C.P., et le Colonel de Susbielle (Commandant la 258e Brigade) que l'ennemi progresse en direction de Froideterre. « A 10 h. 30, le Colonel Mellier fait savoir que toutes les unités qui tiennent les tranchées sont; en place ». D'un autre côté, deux Chefs de Bataillon de Chasseurs, n'ayant aucune liaison, aucune réserve en personnel, complètement isolés, ont la même idée et l'ont réalisée au même moment. Le Chef de Bataillon Dessoffy, commandant le 114e B.C.A. dans le ravin des Vignes, donne l'ordre de contre-attaquer en direction de l'Ouest pour voir ce qui se passe sur la crête et chercher la liaison. Ses chasseurs foncent en direction des Quatre Cheminées. A la même heure, le Chef de Bataillon Burtschell donne l'ordre au signataire de ces lignes de contre-attaquer, avec sa compagnie, dans la direction de l'Est. « Maintenez coûte que coûte, écrivait-il, l'occupation de la ligne intermédiaire entre l'ouvrage Liévin et l'ouvrage Saint-Vaast, ces deux ouvrages inclus, appuyez l'attaque des 2 compagnies du 106e, 2e et 6e, par le feu des mitrailleuses, assurez la liaison étroite avec les troupes d'attaque et renseignez-moi à tout prix ». Alors commence une manoeuvre qui, conjuguée avec celle des éléments du 114e partant du ravin des Vignes, doit à nouveau sauver Verdun et couper net l'avantage que les Allemands ont pris.

L'artillerie française donne à plein. Aucune unité ennemie, constituée et agglomérée, ne peut se maintenir. En moins de trois heures, ma compagnie, qui était initialement en réserve de D.I., va se retrouver en première ligne, au contact ! En colonne par un, protégés par une patrouille de tête, nous gravissons la côte de Froideterre sous un bombardement effroyable. Arrivant à la redoute de la dite butte, nous apercevons l'ennemi. Nous entrons immédiatement en lutte, lutte épique et cruelle. Nous arrivons cependant à nous installer à cheval sur la crête de Froideterre, entre l'ouvrage Liévin exclu et l'emplacement de batterie à 400 mètres à l'Est, faisant des prisonniers. L'ennemi qui a pu avancer jusqu'à l'entrée des Quatre-Cheminées est pris à partie par une mitrailleuse qui tire sur l'entrée. A l'intérieur, les hommes entendent les balles crever les sacs à terre. Personne ne bouge. Ils restent immobiles des secondes, des minutes, puis n'entendant pas autre chose que les bombardements et les éclats de 75 ils commencent à bouger et sortent de leur tanière. Vers 13 heures, nous sentons l'ennemi en désarroi : il amorce un repli. Nous avançons toujours et prenons pied, de plus en plus, dans la ligne intermédiaire. Des centaines de cadavres allemands et français jonchent le sol. Effroyable boucherie. De son côté, le 39e R.I., dont quelques éléments se sont regroupés, en contact avec des chasseurs du 114e, bloque l'avance des assaillants sur la ligne Fleury-Chapelle-Sainte-Fine, au pied du Fort de Souville. A 13 h. 35, la liaison est assurée avec le 359e R.I., dans le boyau des Caurettes. Un peu plus tard, nous prenons contact avec le 39e R.I. aux Quatre Cheminées. Le nettoyage commence. Tous les Allemands qui tentent de se sauver sont abattus. Un Allemand ramenant de Froideterre des prisonniers sur la ligne intermédiaire, nous permet de récupérer 4 chasseurs du 121e, 5 soldats du 65e R.I., un du 22e Territorial, 3 sapeurs du 21e Génie. A 20 h. 10, les Allemands débouchent de l'ouvrage de Thiaumont. Nous résistons victorieusement, les empêchant de progresser. Ceux qui tentent d'avancer sont cloués sur place.

La nuit du 23 au 24 est infernale. Le bombardement ne se ralentit pas des deux côtés. Dans la citadelle, les trois dernières compagnies du 106e et le bataillon Grillot, du 359e, ont été alertés et dirigés sur le front. Le détachement placé aux ordres du Commandant Grillot occupe dans la nuit des tranchées de la 2e position sur la croupe de Froideterre et le ravin des Vignes. Ce 23 juin, 70.000 soldats allemands se sont élancés sur le front Thiaumont-Fleury-Vaux. Ce fut une journée de bataille d'usure, dans le style habituel de la « guerre de position ». Poussée allemande stoppée. Reprise à nouveau de la poussée allemande stoppée une nouvelle fois. Et toujours de la même façon, toujours au même prix, résistance acharnée ; contre-attaque désespérée organisée sur place ; sacrifice total de certaines unités. Un seul mot d'ordre : « Ne pas céder un seul pouce de terrain, se faire tuer sur place ». Le nom de Verdun est devenu pour tout le pays et pour le monde entier un symbole. Verdun pris, la guerre n'aurait pas été perdue militairement, mais elle aurait pu l'être moralement par un relâchement des forces tendues. Le 23 juin au soir, Pétain téléphone à Castelnau : « Notre dernière position s'étend du fort de Saint-Michel à celui de Souville. Si elle était emportée, Verdun, au centre d'une cuvette dont les bords seraient tenus par l'ennemi, deviendrait indéfendable. Je demande des renforts. « Les troupes de la IIe Armée sont trop fatiguées pour résister aux assauts qui vont certainement continuer ces jours-ci. Et je demande une fois de plus que l'attaque sur la Somme soit avancée ». Castelnau prend note et rappelle une demi-heure plus tard : « Quatre divisions fraîches seront mises demain à votre disposition ». A qui revient directement l'utilisation des troupes fraîches ? A Mangin. A Mangin, dont le prestige n'a pas été entamé par l'échec de la tentative de reprise du fort de Douaumont. Et quels sont les ordres de Mangin ? Contre-attaquer, parbleu !

Fleury devant douaumont plaque du monument de la chapelle sainte fine 55 meuse lorraine france

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