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BOSSELIN Maurice

Maurice Narcisse BOSSELIN, ouvrier d'usine, né 43 rue de l'industrie à Monville le 28 mars 1914.

Fils de Julien Maurice, couvreur, et de Marie Marguerite CHAUVET, tisserande,

Adopté en qualité de "Pupille de la nation" le 17 décembre 1919 ( voir : BOSSELIN Julien)

 

Affecté au 51è R.I. le 24 avril 1935

Passé au 155è R.I. le 25 août 1935

Renvoyé dans ses foyers le 3 octobre 1936

 

Rappeler à l'activité le 6 septembre 1939

Arrivé le 6 au 36è Régiment d'infanterie de forteresse, 6è compagnie

 

Marié à Monville le 15 novembre 1939 avec Marie Paulette COLÉ, née à Mont-Saint-Aignan (Seine-Inf.) le 13 mars 1921

 

Tué par éclat d'obus à Sy (Ardennes) le 24 mai 1940, à l'âge de 26 ans

 

MORT POUR LA FRANCE

 

Transcription du décès à Monville le 15 juin 1942

24 mai

Secteur OUEST

L’ennemi veut à tout prix s’emparer de la cote 276 qui domine tout le secteur. Surgissant de la brume matinale, les fantassins du 31° IR montent à l’assaut.

 

Le 16° BCP (Bataillon de Chasseurs Portés) défend âprement le village de Tannay. Dans la partie Nord (vers Le Mont Dieu), attaqués de deux côtés à la fois, les Chasseurs sont obligés de se replier en dessous du village où ils organisent un ilot de résistance. Dans le village, c’est un combat acharné, maison par maison, à la grenade. Jusque vers 10 h, la bataille fait rage dans les ruines fumantes ; le 16° BCP et les restes de trois pelotons du 3ème escadron du 1er Hussards venus en renfort, résistent courageusement. Vers midi, écrasés par les tirs et le nombre, les défenseurs sont contraints de reculer pied à pied, en utilisant les fossés de la RN 77, jusqu’au carrefour de la Croix Desban. A 13 h, le 31° IR attaque le groupe installé entre le village et le canal et l’oblige à se replier en bon ordre à travers buissons et plantations, vers le 3ème bataillon qui tient le carrefour de Pont Bar. Une ligne de résistance se reconstitue ainsi entre Tannay et le canal des Ardennes vers Le Chesne.

Le 2/93° GRDI, le 8° BCC et le 14° GRCA se répartissent la défense de la cote 276 entre Tannay et Chantreune. Une batterie du 2/42° RA, postée à La Fontaine Uchon, interdit toute progression dans ce secteur.
Le 2° escadron du 6° GRDI est toujours au Bois Uchon avec le groupement Gaillard. Il a subi de lourdes pertes et souhaiterait rejoindre son unité d’origine. A 15 h, le bois est à nouveau l’objet d’un violent bombardement auquel s’ajoutent les tirs d’armes automatiques d’éléments infiltrés dans le vallon. Le capitaine Bodelot et le capitaine Renault sont tués ainsi que 15 cavaliers. S’y ajoutent de nombreux blessés.

L’escadron du capitaine d’Estrées et un peloton moto tous deux du 6° GRDI sont mis à disposition du 6° Régiment de Spahis Marocains (6° RSM) de la 1° Brigade de Spahis (colonel Jouffrault). Il intervient au Nord-Est du Bois de Sy vers Oches dans des conditions périlleuses, mais réalise sa mission sans perte. La nuit, les 3° et 4° escadrons sont ramenés au Bois des Terres Rouges par le Lieutenant du Passage, adjoint de Bodelot décédé.

Le 2° escadron moto du 93° GRDI chargé de défendre les abords Sud de la cote 276 reçoit l’ordre d’avancer de 500 m, en plein à découvert, face à l’ennemi qui mitraille. Tout déplacement ne peut se faire qu’en rampant… La position est intenable ! Les cavaliers tiendront cependant jusque 15 h et recevront alors l’ordre de revenir sur leurs positions initiales, le mouvement se faisant à nouveau en plein à découvert… Seuls 41 combattants et un groupe de mitrailleuses de 7 personnes reviendront à la cote 276 !!! Le 1er peloton du 2°escadron posté au Sud-Est de Tannay reçoit la mission d’aller renforcer ce qui reste du 16° BCP dans Tannay. 17 cavaliers rampent péniblement sous les tirs ennemis très denses. Plusieurs sont tués ou blessés entre le village et la route des Grandes Armoises. Seuls 7 parviennent à s’abriter derrière les murs du cimetière. Une reconnaissance vers le village désert ne découvre que des cadavres dans des ruines encore fumantes. Le petit groupe décide alors de se replier.

Vers 16 h, des infiltrations ennemies progressent vers Tannay.
Vers 16h30, un violent tir de barrage sur le groupe d’artillerie de la Fontaine Uchon précède une attaque de fantassins. La pièce de 75, à l’aile gauche, tire à obus à balles à débouché 0, car les assaillants sont à 400 m. Le combat dure plus d’une heure, bloquant toute progression ennemie et éliminant les plus téméraires.
Pour dégager Tannay et ses environs, l’État Major a prévu une contre-attaque dans la matinée avec le 36° RI et le 49° BCC. En fin de nuit, le 49° BCC qui se trouve dans les bois du Mont des Grues, à l’Est de St Pierremont, gagne le Bois de Sy en fin d’après-midi. Hélas, le 36° RI qui vient de Villers devant Dun n’est pas arrivé et l’attaque doit être repoussée à 14 h puis à 18 h.

L’heure de l’attaque est maintenue, malgré l’absence du II/36° RI. Les chars de la compagnie Dumont suivis de ceux de la compagnie Caraveo gagnent le carrefour de Nociève. Les 10 chars de la compagnie du lieutenant Dumont interviennent au Nord à 17h30 en éventail. Au Sud, 2 chars B débouchent à 18 h 20 sur la crête au-dessus de Tannay. Après quelques tirs de 75, ils se replient à 18h35. Plus au Nord, à la cote 276 et au glacis de la ferme du Moulinot, les chars engagés sont pris sous un intense tir de barrage (75 et 105) et d’armes antichars, y compris de 47 français récupérés. Certains parviennent à la ferme du Moulinot où ils sont accueillis par de nombreux antichars ennemis en embuscade. Un obus tue le pilote du char du Lt Dumont, blesse l’aide pilote et détruit les commandes. Les survivants doivent abandonner le char et regagner l’arrière. En moins d’une heure, 10 chars sont mis hors de combat. Le manque d’infanterie d’accompagnement pour exploiter l’avance des chars a eu des conséquences fâcheuses.

Que s’était-il donc passé ? Le bataillon attendu, le I/36° RI, appartient à un régiment de la 35° Division d’Infanterie chargée de relever la 3° DIM. Ce bataillon vient de la forêt de Woëvre à pied par Louppy et Dun sur Meuse. La 7° compagnie était prête à embarquer à 2 h, mais les camions ne sont arrivés à Villers devant Dun qu’à 4 h et en nombre insuffisant. Les chauffeurs hésitent à prendre la route que le mouchard surveille en permanence et que l’aviation mitraille dès qu’elle est alertée.


Ils décident finalement d’embarquer la troupe en limitant le matériel à deux pièces par section de mitrailleuses. Le reste viendra plus tard : les armes lourdes (mitrailleuses lourdes et canons de 25) …. Ils débarquent les hommes à 500 m à l’Est de Germont (Gare d’Autruche). Les hommes doivent continuer à pied : 10 km à parcourir via Authe puis à travers champs, à la boussole jusque Verrières, miraculeusement protégés par un brouillard bienvenu car il éloigne l’aviation ennemie.

Ce brouillard disparaît en traversant le village et permet à la troupe de gagner le Bois de Sy et le village de Sy. Ils arriveront à Verrières dans la matinée et progresseront vers Sy à 16 h, sous les yeux du mouchard et d’une saucisse d’observation installée vers Raucourt. Ils sont avertis de leur participation à une contre-attaque avec appui de chars, d’artillerie et même d’aviation (!!).

 

7 armee

A l’heure prévue, il faut gagner le carrefour de Nociève mais c’est mission presque impossible car le mouchard les a repérés et règle des salves d’artillerie qui arrosent la route de Sy à Nociève, les obligeant à se jeter dans les fossés et à prendre ainsi du retard. Ils parviennent au carrefour exténués. Ils doivent gagner les pentes du Bois
Triangulaire sous les tirs ennemis et n’y arrivent que vers 18h30.

L’attaque démarre comme prévu, mais sans préparation d’artillerie et sans couverture aérienne…Leur armement est incomplet ; aucune reconnaissance n’a pu être faite ; aucun contact n’a pu être pris avec les unités voisines…L’attaque démarre dans de mauvaises conditions. La 7°Compagnie atteint la cote 276 sous un feu nourri qui lui cause des pertes sensibles. Les hommes dévalent vers Nociève sous les rafales et la mitraille et gagnent le Bois Triangulaire. Le Sous Lieutenant Richard, commandant la 2° section, a le bras droit arraché. Ses deux chefs de groupe sont tués. La 6° compagnie parvient aux abords de la ferme du Moulinot. Les objectifs de la 7° Compagnie, décimée, sont repris par la 5°. Le capitaine Miray a installé le PC du bataillon à la corne Est du Bois Triangulaire. Harassés par leur longue marche, épuisés par une nuit sans sommeil, fourbus sous la charge de leur matériel, les éléments du II/36° RI n’apportent pas l’aide espérée, mais en revanche, ils subissent des pertes sensibles.

 

24 ouest

Après 1h 30 de combat, les chars du 49° BCC doivent se replier au Bois de Sy. Sur 14 présents, 10 ont été engagés. 3 hors service ont du être abandonnés dans les lignes Les 7 autres ont subi de graves dégâts et doivent être envoyés en révision. Ils partiront le 26 en gare de Challerange. Le Lt Dumont revient la nuit en side-car pour faire sauter les 3 chars abandonnés. « Trois gerbes d’étincelles illuminent le ciel » écrit-il. Le bataillon épuisé passe en réserve d’armée. Les effectifs qui étaient de 690 le 20 avril sont réduits à 477 le 10 juin…
Au 93° GRDI, les 47 cavaliers rescapés du 2° escadron motorisé progressent par bonds vers Tannay mais ils se font décimer en 20 minutes par un tir de barrage très dense.

 

Le Bois Uchon est la cible du feu roulant de l’artillerie ennemie : le 6° GRDI qui y séjourne subit de lourdes pertes dont le commandant Bodelot et le capitaine Renault tous deux tués sur place. Les batteries du 42° et 242° RA ont quitté Sy pour Verrières. Seul demeure le 1er groupe à la Fontaine Uchon qui subit lui aussi les violents tirs d’artillerie et de mitrailleuses : beaucoup de matériel est détruit ou rendu inutilisable : 1 canon (4° pièce de la 3° batterie), 1 mitrailleuse, 6 caissons, 2 voitures, 6 tracteurs, 2 remorques téléphoniques, 2 camionnettes, 4 motos…La situation est devenue intenable. A 19 h arrive l’ordre de se porter au SO de Sy, au Gros Buisson. Le déménagement se fait sous le feu de l’ennemi, partie à bras à travers champs, traversant le ruisseau des Armoises sur une passerelle, partie par la route de Sy (véhicules).

A 19 h, le 4° Régiment de Spahis Marocains subit quelques poussées ennemies, à l’Ouest de Oches finalement maîtrisées. Le commandant Brunot constate avec surprise et soulagement, que des colonnes ennemies effectuent un retrait sur La Berlière. Dans le même temps, le commandant VIVET (42° BCC) vient dépanner ses chars embourbés. Lui aussi observe le repli des troupes allemandes au Nord de La Berlière et l’activité de brancardiers qui relèvent des blessés à la croupe dominant les deux villages des Grandes Armoises et La Berlière.
A la cote 276, le colonel Caldairou du 14° GRCA prévoit le retrait du groupe moto. Le poste de secours est submergé de blessés (82 dans l seule matinée). Il fait appel à des véhicules supplémentaires pour les transporter au Groupe Sanitaire Divisionnaire installé à Quatre Champs.

L’artillerie ennemie installée dans les vergers d’Armageat, toujours guidée par le mouchard, prend la crête au-dessus de Tannay pour cible : percutants, schrapnells s’ajoutent à la densité des tirs de mitrailleuses. Les hommes tombent les uns après les autres, y compris le capitaine Charlois. Puis les tirs s’estompent soudain quand la troupe ennemie atteint le sommet de la côte : c’est une hallucinante marée de fantassins, de 1 500 à 2 000 disent les survivants du 93° GRDI. Ces derniers se rendent et sont faits prisonniers, sauf un chef mitrailleur froidement abattu sur place par un officier surexcité. Ils sont sur les nerfs car leurs pertes sont importantes : un prisonnier emmené par Tannay et derrière le canal déclare avoir longé un tas de cadavres allongés les uns sur les autres de 50 m de long et un bon mètre de haut…

De chaque côté, les troupes sont épuisées et ont subi de lourdes pertes. Le 16° BCP est réduit à 300.
L’attaque est stoppée et les fantassins se regroupent au Bois triangulaire tenu par le 8° Chasseurs (3° escadron) alors que l’ennemi tente encore quelques attaques vers le bois. Avec la nuit, le calme général revient.
Entre les lignes, de nombreux corps gisent sur le terrain et on bute sur des armes, des antichars détruits, des épaves de chars et d’automitrailleuses.
A 20 h, les batteries du 45° RA qui viennent de quitter le Bois Uchon sont installées en bordure du Bois de Sy et la 1ère tire aussitôt 200 coups sur la crête, entre Tannay et Sy.
A la tombée de la nuit, la 5° Cie du I/36° RI (Lieutenant Durant) repousse l’ennemi d’un petit bois situé en dessous de la cote 276, sur la pente Nord-Ouest, à quelques centaines de mètres de la ferme du Moulinot. Des mitrailleuses sont installées sur la crête ainsi que 2 pièces de 25 du 93° GRDI.
Les Allemands profitent de la nuit pour se replier. Le moral commence à remonter chez les Français !
Stupeur et joie ! Voici qu’arrive l’ordre de relève de la 3° DIM par la 35° DI, ordre à exécuter le soir même. Cet ordre de relève prévoit la constitution d’une ligne de résistance allant du canal des Ardennes au-dessus de Pont Bar, au Bois de Sy, Oches, la ferme d’Isly, Le Bois du Four et la route de Beaumont.
La relève générale est prévue pour les 24 et 25 mai. Le 16° BCP reçoit l’ordre de relève à 22 h avec comme itinéraire Les Petites Armoises, Belleville, Boult aux Bois, Grandpré.
La 3° DIM doit abandonner le saillant du Bois du Mont Dieu et gagner des bases arrière. Les nouvelles unités se positionnent progressivement sur la ligne de défense rectifiée.
A 22 heures arrivent les premiers éléments de la 35° DI.
La 3° DIM commence son repli dans la nuit sous la protection du groupe Gaillard à l’Ouest (secteur canal des Ardennes-Chantreune) et du groupe Jouffrault à l’Est (cote 228-Bois du Fay- Noires Terres- Oches).
Tannay est aux mains de l’ennemi qui maîtrise les pentes Ouest des collines allant à la cote 276.
Les seuls accès libres sont les routes de Verrières vers Brieulles sur Bar et de Saint Pierremont vers Buzancy.
Dans le secteur de OCHES, le bataillon de chars Vivet est retiré.
Le 123° RI (35° DI) est attendu ; le 2° bataillon doit s’installer entre Oches et la cote 221, le 1er entre la cote 201, la cote La Garenne et Le Chenet.
De Oches à Ferme d’Isly, Sommauthe et Bois du Four (route de Beaumont), c’est la 6° DI qui relève la 6° DIC. Elle s’intègre entre la 35° DI à gauche et la 1° DIC à droite.
Le 74° RI vient de Stenay par Nouart, Buzancy, Fossé, Belval, Vaux en Dieulet. Le colonel Maisse vient reconnaître les emplacements vers 16 h ; il décide d’installer son PC dans une contre-pente, au Nord du village, près de la Croix de Sommauthe, car il tient à s’éloigner des habitations vite repérées et plus dangereuses en cas de bombardement. Ce régiment vient de subir l’enfer d’Inor-Martincourt, du 16 au 21 mai. Il a subi de lourdes pertes. Mis au repos, il est brutalement rappelé. La veille, il a franchi la Meuse à Stenay sur un pont de bateaux et il est venu à marche forcée jusqu’au Bois de la Folie, entre Nouart et Buzancy, soit 22 km.
Le 36° RI est affecté au secteur Ouest ; le 74° RI au centre et le 119° RI à l’Est. Chacun engagera deux bataillons (les 1er et 2°), le 3° demeurant en réserve, ainsi que le 13° GRDI.
Ces unités ne seront en place que le lendemain matin. 

Source : Ardennes 1940 à ceux qui ont résisté

 

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