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n° 6 - Un code-barre placé sur la stèle

Qr code

Il est désormais possible pour les visiteurs de certains cimetières d'accéder à la biographie d'un défunt, à des photos ou à des témoignages, en scannant avec leur smartphone un code-barre («code QR») placé sur sa stèle.

Les plaques mortuaires seront-elles remplacées par des «codes QR»? Ce concept, né aux États-Unis, a pour but de créer un mémorial, alliant textes et photos, en l'honneur d'un défunt et visionnable grâce à un code QR.

Un code QR est un code-barre en deux dimensions qui permet d'accéder à du contenu en ligne. Chaque proche peut ainsi acheter un «package» auprès d'entreprises spécialisées comme Adengalis, un site créé par Jean-Pierre Gaudel en 2013. «Cette idée vient d'une expérience personnelle. J'ai perdu un proche qui n'était pas une personnalité mais qui a eu une vie bien remplie. Et je trouvais dommage que sa «mémoire» disparaisse. Cette nouvelle technologie gratuite, universelle et facile d'emploi a également convaincu Laurent Perrin, créateur du site en-souvenir.fr. «Je me suis lancé sur ce marché parce que ça n'existait pas en France. C'était déjà bien développé en Angleterre puisqu'on estime à 15% le nombre de tombes équipées de QR Codes. Les clients achètent un médaillon avec le Code à mettre sur la tombe ainsi qu'un espace internet et écrivent ce qu'ils veulent».

Mais si les entreprises se dédouanent de toute responsabilité quant au contenu, Laurent Perrin avoue qu'il contrôle tout de même toujours ce que contient l'espace internet pour éviter tout texte contenant des propos racistes ou images déplacées. En avril 2014, le sénateur Jean-Pierre Sueur s'était inquiété de ces QR Codes et de la possibilité que les informations qu'ils contiennent soient modifiées à distance. «Nous avons mis en place un certain nombre de sécurités pour que les contenus ne soient pas modifiables. Après, cela reste internet, il peut y avoir du piratage de donnés. Il y en a déjà eu, et il y en aura encore, on n'est à l'abri de rien», confie Laurent Perrin. Parmi les sécurités mises en place chaque personne créant un compte se voit confier un identifiant et un mot de passe à chaque fois.

Un marché qui peine à décoller

L'autre principale question que pose cette nouvelle technologie concerne l'accès aux données. En effet, tout le monde peut avoir accès au QR Codes puisqu'il suffit de le flasher avec son smartphone. Mais le créateur d'en-souvenir.fr se défend de faciliter une forme de voyeurisme. «C'est aussi le but de partager la mémoire du défunt. On voit ce que les personnes veulent bien nous montrer». Pour Jean-Pierre Gaudel, «la question du respect est essentielle».

Malgré toutes ces précautions le marché du «code QR funéraire» tarde à décoller en France. La faute notamment à un service très novateur et auquel les gens ont encore un peu de mal à s'habituer. Laurent Perrin lui, parle d'un problème générationnel. «En France on a un rapport plus intime à la mort et je pense que les gens qui «fréquentent» les cimetières ne sont pas forcément ceux qui utilisent le plus les smartphones. Actuellement, on reçoit 15 à 20 commandes par mois».

Des propos que confirme Claire, 76 ans, de la région Picardie. Elle a fait un mémorial pour son mari mais ce n'est pas elle qui est à l'origine de cette idée. «Je ne connaissais pas le concept, c'est ma fille et ma petite fille qui m'en ont parlé. Au début ça m'a semblé étrange et abstrait, mais le rendu est superbe. C'est à la fois très personnel et aussi un bel hommage pour sa mémoire».

Prochaine étape pour en-souvenir.fr, la géolocalisation de la tombe pour éviter de se perdre dans les grands cimetières, qui devrait voir le jour au troisième trimestre 2016.

Le Figaro - 31 octobre 2015