n° 8 - Marc Christophe

Marc christophe

REIMS :
 
L’homme qui aimait les Poilus

 

Ce 11 Novembre à Reims, le parcours officiel des autorités a connu un changement. Dû à la passion de Marc Christophe pour les tombes des soldats de 1914-18.

IL était une fois un homme qui se passionnait pour l’entretien des tombes des Poilus. Cette marotte singulière lui était venue dans sa jeunesse : « Ça remonte à l’époque de mes 17 ans.

Nous avions perdu dans notre famille deux petites filles, et quand nous allions entretenir leur tombe à Sedan, mon père nous disait : on va en profiter pour s’occuper aussi de celles des Poilus puisqu’elles sont juste à côté ».

Cet homme, aujourd’hui retraité, c’est Marc Christophe. Il fut enseignant au lycée professionnel de la Croix-Cordier de Tinqueux. Son souci de la sépulture des soldats de 1914 lui est resté. Mieux, il essaye désormais de le rendre contagieux. C’est ainsi qu’il a réussi à associer son ancien lycée aux cérémonies officielles de la Ville de Reims depuis plusieurs 11 Novembre déjà. Cette année, il a également entraîné Gustave-Eiffel dans la bataille (voir par ailleurs). « Ce que j’essaye de mettre en avant quand je m’adresse aux élèves, explique-t-il, ce n’est pas tant le soldat que l’homme, tout ce que ces jeunes ont été capables d’endurer pour leur pays, le froid, la boue… et le formidable esprit de camaraderie qui pouvait régner entre eux : un camarade tombé entre les lignes, on ne l’abandonnait pas ! »

Et il faut croire que le message passe bien, puisqu’ils étaient, hier, une grosse soixantaine de jeunes d’aujourd’hui des deux établissements scolaires à avoir renoncé à la grasse matinée pour affronter le froid qui régnait à Reims lors de la traditionnelle cérémonie patriotique.

http://www.arac51.com/Ceremonies-du-11-novembre-2009.html

 

 

 

Morts sans descendance

Cette mobilisation lycéenne a même entraîné une modification du parcours habituel des autorités : pour la première fois, en effet, ce parcours a fait un crochet par le cimetière de l’Est, en haut de l’avenue Jean-Jaurès, dans l’un des cantons où Marc Christophe avait repéré 66 Poilus inhumés. Une rose a été déposée sur la tombe de chacun d’eux. Si certaines sont en parfait état, d’autres, au contraire, sont vraiment pitoyables, justifiant l’action de notre passionné.

« Ça s’explique facilement, commente-t-il, ces jeunes tués n’ont pas pu avoir de descendance ; du coup, quand les parents ont disparu, il n’y avait souvent plus personne pour entretenir leur tombe. » Qui s’en chargera donc ? M. Christophe compte largement pour cela sur le Souvenir français, dont il est membre. Mais pour signaler à celui-ci les besoins, il compte maintenant sur ses jeunes lycéens : sur la base du volontariat, certains s’engageront à « parrainer » en quelque sorte une sépulture de Poilu. « Ce sera ma cellule de surveillance ! »

Antoine PARDESSUS

Restauration tombe

Marc christophe 2

Cormicy

L'homme qui fait parler les tombes

« Une tombe peut parler. Elle raconte une histoire », prévient Marc Christophe. Bien décidé à ne pas laisser la mémoire des soldats de la Grande Guerre tomber dans l'oubli, cet enseignant à la retraite leur rend hommage, à sa manière, grâce au projet « Vois, comprends, agis », qu'il mène depuis onze ans avec un profond dévouement. L'idée est toute simple : faire participer les jeunes à la restauration des tombes abandonnées de soldats morts pour la France. Avec le concours d'une soixantaine d'élèves du lycée Georges-Brière, près de 250 sépultures ont ainsi retrouvé une apparence digne à Cormicy, Louvois, Chenay, Bezannes, Thillois... « Les jeunes sont très réceptifs, à partir du moment où on leur montre l'homme derrière le soldat », explique Marc Christophe. Chaque opération de restauration fait l'objet d'une cérémonie au cours de laquelle la vie d'un ou plusieurs soldats est racontée. Une façon de ne pas oublier et de garder le lien entre les vivants et les morts, car comme il le rappelle : « Tant qu'ils ont une tombe, ces soldats ne sont pas morts. » Marc Christophe, en tout cas, ne les laissera pas tomber.

https://www.francebleu.fr/infos/societe/centenaire-parler-de-la-guerre-14-18-aux-enfants-1415609809